image de soi
J'ai eu ma mère au téléphone. Elle me raconte "la dernière": une discussion entre elle et une amie de la famille (veuve et sans enfants).
Ma mère se plaît à tester les gens en leur parlant du fait que j'allaite ma puce (bien sûr) mais aussi mon grand. Par provocation (pas mon allaitement, non! la fait qu'elle raconte).
Bref, elle avait dit à cette amie que Savero tétait. Depuis ses oeillères, cette femme avait compris que mon fils avait goûté mon lait une fois ou l'autre depuis la naissance de sa soeur (ce qu'elle trouvait très bien sous réserve de ne pas enfermer l'aîné dans un schéma de bébé infantilisant). Ma mère avait donc corrigé: Savero n'est pas sevré, il tète quotidiennement, à presque 4 ans et une petite soeur.
Choquée, cette femme a abordé ce thème dans le groupe de parole dont elle fait parti. Après un tour de table unanime (et choqué), le thérapeute a conclu en forme de question. Question, que cette amie a rapporté à ma mère et ma mère à moi-même.
"Il faudrait voir quelle image d'elle-même à cette jeune femme..."
Alors voilà, je vais la décrire. Quand ma mère en a parlé, une image s'est imposée à moi.
Un sous bois frais.
Au dessus, un soleil de plomb. Entre deux rochés, une source qui murmure et jailli. C'est elle, c'est moi.
La source qui jaillit.
Un peu en dessous, deux faons qui boivent.
Mais honnêtement, cette eau, qu'ils la boivent ou qu'ils la laissent, est-ce que ça va changer quoi que ce soit pour la source? Est-ce que ça peut la tarir ou la remplir? Non!
La source, elle se nourrit de la pluie, de la fonte des neiges, de nappes phréatiques.
Les faons, ils en profitent, ils ont raison, la source coule indépendamment d'eux!
Maintenant, si certains veulent me voir comme une vache à lait, qu'on bourre d'ocytocines pour en tirer encore plus de substance, libre à eux. Mais c'est LEUR vision de moi.