le tout premier
Je suis debout, appuyée au chambranle de la porte.
J'observe, attentive.
Mes pieds.
Ou plutôt: mes chaussures.
Des tennis roses sales à motifs imprimés (bleus, blancs, jaunes aussi je crois).
Ma mère fait mes lacets.
Brusquement, ma soeur aînée passe en courrant dans le couloir, poursuivie par mon frère aîné.
Ils chantent
J'observe, attentive.
Mes pieds.
Ou plutôt: mes chaussures.
Des tennis roses sales à motifs imprimés (bleus, blancs, jaunes aussi je crois).
Ma mère fait mes lacets.
Brusquement, ma soeur aînée passe en courrant dans le couloir, poursuivie par mon frère aîné.
Ils chantent
Au passage, mon frère claque la porte...
Puis une salle. Et des yeux.
Et cette odeur...
Et puis moi, debout sur une étendue de goudron (une cour de récréation? un parking?)
Je pleure.
Je me rappelle de cette émotion, de sa texture...
Je porte mon pouce à la bouche et je ne rencontre que le pansement.
Trahie par ma mémoire, qui refuse de se souvenir de ce pansement, trahie par mon envie, mon besoin de sucer précisément ce pouce-là (l'autre n'est pas bon, il n'a pas la bonne forme, ce n'est pas mon pouce, c'est tout...)
Ca, c'est ce que j'en garde aujourd'hui, ces souvenirs (la vision de la scène, l'odeur du lieu, l'épaisseur et la texture de l'émotion)
J'avais quoi... deux ans? même pas si ça se trouve...
Mon pouce était dans l'encadrement de la porte, côté charnière, et la porte en claquant l'a écrasé.
Il paraît que je hurlais, que mon père m'a pris dans les bras, a couru jusqu'à l'ascenseur, mais que comme il ne venait pas immédiatement, il a pris les escaliers en courrant.
Pour la suture, maman m'avait promi une robe pour ma poupée si je ne bougeais pas du tout - du tout, et qu'à chaque point je demandais davantage de détails pour cette robe:
Le chirurgien avait dit à mes parents qu'il avait fait de son mieux, mais que la matrice de l'ongle avait du être suturée et qu'il ne savait pas si il repousserait (il a repoussé).
Tout de suite après la suture, maman m'avait emmener choisir le tissu pour la robe de ma poupée.
Ne pouvant sucer mon pouce, j'ai commencer à me ronger les ongles...
Voici donc le tout premier...
Puis une salle. Et des yeux.
Et cette odeur...
Et puis moi, debout sur une étendue de goudron (une cour de récréation? un parking?)
Je pleure.
Je me rappelle de cette émotion, de sa texture...
Je porte mon pouce à la bouche et je ne rencontre que le pansement.
Trahie par ma mémoire, qui refuse de se souvenir de ce pansement, trahie par mon envie, mon besoin de sucer précisément ce pouce-là (l'autre n'est pas bon, il n'a pas la bonne forme, ce n'est pas mon pouce, c'est tout...)
Ca, c'est ce que j'en garde aujourd'hui, ces souvenirs (la vision de la scène, l'odeur du lieu, l'épaisseur et la texture de l'émotion)
J'avais quoi... deux ans? même pas si ça se trouve...
Mon pouce était dans l'encadrement de la porte, côté charnière, et la porte en claquant l'a écrasé.
Il paraît que je hurlais, que mon père m'a pris dans les bras, a couru jusqu'à l'ascenseur, mais que comme il ne venait pas immédiatement, il a pris les escaliers en courrant.
Pour la suture, maman m'avait promi une robe pour ma poupée si je ne bougeais pas du tout - du tout, et qu'à chaque point je demandais davantage de détails pour cette robe:
- un col en V
- des boutons sur l'épaule
- de la dentelle
- rouge, hein, la dentelle
- ...
Le chirurgien avait dit à mes parents qu'il avait fait de son mieux, mais que la matrice de l'ongle avait du être suturée et qu'il ne savait pas si il repousserait (il a repoussé).
Tout de suite après la suture, maman m'avait emmener choisir le tissu pour la robe de ma poupée.
Ne pouvant sucer mon pouce, j'ai commencer à me ronger les ongles...
Voici donc le tout premier...
...de mes souvenirs.