bien, bon et juste

Publié le par le soldat en chocolat

 
Hier soir, je suis allée à une conférence.
J'en suis encore éblouie!

Le thème était aguicheur:

"Epuisement maternel : comment échapper au cliché de la bonne mère?"

L'intervenante était...
Décoiffante!



Elle nous a parlé de l'évolution de la condition de mère dans notre culture au fil de ces derniers siècles et de l'impact que cela peut avoir sur la façon d'être mère, de voir l'éducation, les enfant, le conjoint.
Pour celle qui voulaient approffondir, elle nous a proposé la lecture de "L'Amour en Plus" d'Elisabeth Badinter.


Bref, j'ai besoin de poser ce qui m'a marqué et (ou?) interpelé.


De ce que j'ai retenu d'hier, jusqu'au XVIII siècle, le patriarche édictait ce qui était Bien. Chacun devait donc s'y plier.

Quand une mère élève Bien un enfant, les demandes de celui-ci sont systématiquement considérées comme exagérées et il est du devoir du parent de réduire le champs des demandes enfantines pour en faire quelqu'un de "raisonnable" (de raisonné, surtout... ou plutôt de résigné...)
L'adulte saurait pour l'enfant, parce qu'il est adulte.
L'enfant ne pourait pas savoir pour lui-même, puisqu'il est enfant.
Il y a donc là un grand déni des besoins de l'enfants, de son vécu, de sa réalité d'être à part entière.



A partir des réflexions de Rousseau, la notion de Bien se serait vue petit à petit supplantée par celle de Bon.
Les mères devaient être Bonnes.

Une Bonne mère doit donc répondre sans s'essouffler, sans avoir besoin de se ressourcer, sans éprouver le moindre saut d'humeur (puisqu'elle est bonne) à des demandes qui finissent par ressembler de plus en plus à des exigences sans fin, sans fond...
Elle ne devrait pas avoir besoin qu'on lui explique pour savoir, son intuition devrait toujours être exacte, ses décisions, ses choix, toujours avisés...
Une bonne mère ne se trompe pas.
Cela abouti à des réponses rapides et automatisées. Rapide, car une Bonne mère (en tout cas son cliché) doit répondre vite et bien (et probablement éviter les conflits, voir même leur émergence). Automatisées car en voulant aller vite, il n'y a pas de temps pour se pencher sur la vrai demande de l'enfant (l'intervenante nous a parlé de mères qui nourissent "au pleure", chaque pleure de l'enfant déclenchant une tentative de nourrissage, et chaque demande d'alimentation silencieuse passant inaperçue)
Il y a là un profond déni de la réalité de la femme, de son besoin de ressourcement, une incompréhention majeur de la nécessité pour l'enfant d'être accompagné et guidé.



Ces dernières années (deux à maximum trois dernières générations), la façon d'appréhender le rôle de parent a encore évolué.
En tant que parent, que mère, il est possible non pas d'essayer de Bien faire, non pas d'essayer d'être Bonne, mais seulement d'être dans le juste.
Donner ce que l'on peut, et autant que l'on peut vraiment.
Donner à tous, soi y compris.
Donner ce qui nous ai demandé, aussi, et donc prendre le temps d'écouter, d'être attentive à la demande, de la clarifier même si c'est nécessaire.
S'autoriser à décaller la réponse parfois, en le disant.
Être authentique dans ce que l'on peut ou non offrir à ses proches.


Oser demander.
Accepter nos limites propres.
En faire une force.


Bien sûr, le thème des conflits de besoins a été abordé.
Une maman a parlé de la gestion des retrouvailles après une journée de travail pour elle et de garderie pour son enfant.
J'ai aimé la piste offerte par l'intervenante.
Elle a proposé à la mère, qui aurait aimé souffler un p
eu en arrivant chez elle, avant de se consacrer à son fils, de voir ce temps de ressourcement de l'enfant, temps nécessaire et urgent pour cet enfant, de le voir comme l'occasion de s'inscrire dans le mouvement de la Vie et de faire de son mieux pour bénéficier elle autant que son fils de ce partage autour du câlin du soir.
Ne plus voir cela comme "encore donner et donner encore".
Le voir comme "partager, mettre en commun, savourer ensemble"

J'ai aimé l'image des mère qu'elle nous a proposé: des femmes cohérentes, réalistes généreuses, ... et avec suffisament de bon sens pour trier les priorités... (pas gagné chez moi!), capable de déraper sans en rendre l'enfant responsable.




Bref...
me voilà avec bien du pain sur la planche
(et un livre de plus à lire...)
Bien des notions à travailler
en vu d'intégration, bien sûr....
 
 
 

Publié dans en chemin

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