paricide

Publié le par le soldat en chocolat

Hier, ma mère est passée chez moi. Nous avions convenu qu'elle viendrait pour emmener Savero travailler avec elle (du jardinage).
Quand elle est arrivée, Hervé et
Savero avaient décidé de jouer un peu au ballon en bas de l'immeuble.
Nous disposions donc d'une demie heure pour papoter.

C'est là que le bizarre à noué avec l'étrange (et ce sacré hasard?)...

Ma mère me parle de son travail. Ca nous arrive souvent. Elle est infirmière de formation. L'été dernier elle a repris le "chemin de l'école" après plus de vingt-cinq ans de travail sans rémunération. Elle s'est occupée de ses cinq enfants notamment mais pas seulement. Conjointe collaboratrice aussi. Et des milliers d'autres choses.

Bref, elle me parle de ce médecin, dont les commentaires à haute voix lui avaient fait, il y a peu, décider de démissionner. Le directeur de la structure l'avait alors prise en entretien dans les 24 heures et lui avait expliquer qu'il tenait bien plus à une infirmière qu'à un médecin, que si elle souhaitait partir pour faire autre  chose il était d'accord, mais pas si elle fuyait un échec, que de plus elle n'était pas moins compétente que ses collègues, ce que le médecin prétendait, à tord, donc. Elle était finalement restée.

Donc elle me parle de ce médecin.
Elle me dit qu'elle est en colère contre elle (hop, auto-flagellation... J'ai rien inventé, moi, seulement copié!), parce qu'elle se laisse impressionner par lui, parce qu'elle se laisse terroriser par lui, comme une fillette de huit ans.

Cette fillette avait tellement été battue par son père, qu'elle avait cru (je me demande si elle ne l'a pas souhaité) en mourir.
Ma mère était en larme, je tenais juste sa main.
Elle m'a dit de sa psychothérapie, qui fait parfois remonter tous ses démons à la surface, et même à l'air libre, lui fait parfois peur.
J'ai pensé à Pandore.

Et puis elle m'a parlé de la mort de son père (hasard, vous avez dit hasard? comme c'est bizarre!).
Elle m'a dit toute la compassion qu'elle avait éprouvé lorsque, l'entendant respirer de plus en plus difficilement, elle avait accélérer la perfusion (elle était à son chevet, chez lui, avec un de ses frères et deux de ses soeurs, l'accord avait été tacite).

Elle m'a aussi parlé, les traits durcis, de la fillette de huit ans, en dedans d'elle, qui a regardé le produit couler, de cette colère, de cette rage, ... à la hauteur de sa peur.
Cette petite fille a, je crois, cru trouvé là le moyen de se mettre définitivement à l'abri de la violence de ce père.

Un père pouvant asséner la mort, alors qu'elle en attendait la protection (même pas, même plus l'amour).
Elle m'a parlé du jour où elle a tué son père. Sans édulcorant, sans guillemets, sans se cacher derrière la compassion, la bonté où je ne sais quoi.

Cette prise en charge de l'acte et des émotions, des enjeux...

Ca m'a fait un bien...
... fou!


En se quittant, je lui ai fait par d'un souhait.
Je lui ai dit que j'attends le jour où on pourra rejouer ensemble au scrabble.

Elle a souri et m'a embrasser.


... à suivre, donc!

Publié dans remonter le courant

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