mot à maux

Publié le par Mademoiselle Agnès

Freissinières,
le 17/05/2007
 
 
 
 
 

Me voilà installée pour quatre jours.
Nous voilà installés pour quatre jours.

 

 

 

Hier, nous avons bénéficié (Hervé et moi) de cinq heures et demi de trajet (contre trois heures trente prévues par l’itinéraire). Les petits ont dormi une grande partie du trajet (dont l’heure de bouchon que nous avons subie).

 

 

 
 
 

Nous avons donc pu parler, Hervé et moi.
J’en ai marre (lui aussi), depuis quelques semaines, d’être « porc-épic vs papier de verre ». Depuis quelque semaines, tout ce que je dis fait qu’il se sent agressé, humilié, rabaissé, nul (c’est un « bon » départ pour une escalade de reproches sans fins…).
De même, tout ce qu’il dit ou fait a les mêmes conséquences.

 
 

Pourtant, en en discutant, la faute ne revient pas à « plus d’amour entre nous ».

 
 

Alors quoi ?

 

 

 
 

Je pense qu’ « Alors quoi » n’est pas une question qui nous mènera bien loin.

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 
 
 

Je crois que la réponse est dans « qui ».
Et ce « qui », c’est moi.

Moi dont les capacités à donner sont très sollicitées depuis cinq mois depuis treize mois.
Moi dont les réserves d’amour à donner sont à la limite du « plus rien ». Or en amour comme en physiologie, les bébés sont prioritaires.
Prioritaires sur mon homme.
Mais aussi sur moi.
…et c’est là que le serpent se mord la queue : si je détourne de moi mes ressources affectives, comment je fais pour refaire le plein ? pour me remettre à flot ?
Comment ?

 
 
 

En agressant Hervé ? Même pas sûr que ça marche !
Sûre même que ça ne marche pas…

 
 

Alors quoi ?

 

 

 
 

Je pense qu’ « Alors quoi » n’est pas une question qui nous mènera bien loin.

 
 
 

Je crois que la réponse est dans « comment ».
Et ce « comment », ce sont des mots.

 
 

Sortir du réactif pour aller dans l’interactif.

 
 

Du coup, en voiture hier, j’ai parlé à Hervé de mon extrême vulnérabilité en ce moment, de mon besoin extrême d’être ménagée et je lui ai demandé si il voulait être prévenant avec moi.

 
 
 

Hervé, lui, en a marre de ce qu’il qualifie de « bordel ambiant ».
Il m’a donc demandé si par « prévenant » je voulais dire : « qu’il me salue avant de me demander de m’occuper des couches sales qui ‘traînent’ sur la table à langer. »

 
 

Hélas pour lui, non.

 
 
 
 

Par prévenant, j’entends : tendre, manifestement amoureux. Je voudrais me sentir aimée, draguée, importante, cruciale.
Et le plus important de tout : que ce soit gratuit et non pour obtenir quelque chose.
Que ce soit des actions qu’il pense être en droit d’attendre de moi ou pas.

 

 

 
 
 
 

 

 

 

 
 
 
 
 
 

Pour sortir de ce cycle de contre-agressions et de contre-attaques stériles (non pas stériles : ça nous désaime), j’ai besoin, avant toutes choses, de refaire le plein.
Pour le ménage, désolée, là, je ne peux pas : on verra ça… quand on verra.


Bilan aujourd’hui :
Avoir pleuré, parlé, éclairci tout ça hier m’a quelque part libérée, allégée.
Hervé pensait que « faiblesse = larmes ». Chez moi, « vulnérabilité = > agressivité » (par protection). J’espère qu’il a mieux compris (pour lui, agressive veut dire battante, pas vulnérable)
Hervé, je l’ai vu, a fait des efforts vers moi : me prendre dans les bras, délicatement.
Ce matin, il m’a serrée doucement contre son torse (hmmm… ce torse !) en me disant : « je t’aime très fort »

 

 

 

 

 

 

 

J’ai fait les gros yeux,
il a corrigé :
« je t’aime tout court »

 

 

 

 

 

Publié dans en chemin

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I
Beau… tellement beau…<br /> <br /> En te lisant, je redécouvre ce que je sais déjà.<br /> Que nos amours de chair finissent parfois par se minéraliser et, alors, peuvent devenir si durs que va croissant le risque de s'y blesser.<br /> L'amour est là, pourtant… pris dans cette gangue solide, mais intact !<br /> Il n'est pas si facile de le savoir et d'en tenir compte.<br /> De ne pas tourner les talons, mais de se prendre par la main.<br /> Prendre sa propre main, d'abord… pour pouvoir ensuite inviter la main de l'autre.<br /> Et, alors, apprivoiser l'écorce jusqu'à la faire fondre.<br /> Pour qu'enfin elle libère le trésor que nous l'avons laissée emprisonner en son cœur.<br /> <br /> Ce n'est pas si facile, non.<br /> Mais c'est pourtant ce dont tu témoignes.<br /> Cela me touche.<br /> Et cela me parle.<br /> Merci Agnès.<br /> <br /> Et bon vent par chez vous pour nourrir, encore et encore, cette reliance que vous avez si émouvamment restaurée, lui et toi…
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M
Restaurer, c'est peut-être beaucoup dire!Par contre la volonté d'avancer sans s'écorcher mutuellement à été réaffirmée et ça, ça me fait du bien...On verra la suite!Bises Isabelle!